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Dysphorie post coitale : comprendre ce trouble émotionnel après les rapports sexuels

Dysphorie post coitale : comprendre ce trouble émotionnel après les rapports sexuels

Dysphorie post coitale : comprendre ce trouble émotionnel après les rapports sexuels

Imaginez ce moment : vous venez de vivre un rapport sexuel, consenti et peut-être même tendre ou intense. Et pourtant, quelques minutes, voire quelques instants plus tard, une tristesse sourde vous envahit. Des larmes montent, une mélancolie inexplicable s’installe, et toute la chaleur du moment semble s’être dissipée dans l’air comme un parfum évaporé. Si vous vous reconnaissez dans cette description, vous n’êtes pas seul·e. Cela porte un nom : la dysphorie post-coïtale.

Qu’est-ce que la dysphorie post-coïtale ?

La dysphorie post-coïtale, ou PCD pour « Post-Coital Dysphoria », désigne ce sentiment de tristesse, d’irritabilité, d’anxiété, voire de vide, qui peut survenir après un rapport sexuel – souvent immédiatement après, mais parfois dans l’heure suivante. Et non, il ne s’agit pas d’un caprice ou d’un phénomène isolé.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce trouble émotionnel ne signifie pas que le sexe était « mauvais » ou que vous avez des problèmes dans votre couple. Il peut toucher même les personnes les plus amoureuses, les plus en accord avec leur sexualité. Et c’est bien là toute sa complexité.

Un trouble méconnu mais loin d’être rare

Ce phénomène reste encore largement ignoré du grand public et même de certains professionnels de la santé. Pourtant, des études ont révélé qu’environ 40% des femmes et près de 20% des hommes rapportent avoir déjà vécu au moins un épisode de dysphorie post-coïtale au cours de leur vie.

Cela peut se manifester par :

Derrière ces symptômes, il n’y a pas une explication unique. Ce trouble émotionnel est multifactoriel, et c’est précisément ce qui rend sa compréhension si essentielle.

Pourquoi cela arrive-t-il ?

Ah, si seulement nous étions aussi simples que nos hormones ! En réalité, plusieurs pistes s’entrelacent :

Une réaction physiologique

Après l’orgasme, le corps libère une cascade d’hormones (ocytocine, prolactine, endorphines), censées nous plonger dans une sensation de détente. Mais pour certains individus, ce processus pourrait entraîner une baisse brutale de tension émotionnelle, provoquant… l’effet inverse. Le retour à la réalité peut se faire comme un atterrissage brutal après un doux envol.

Des blessures émotionnelles enfouies

Le sexe est souvent un moment de grande vulnérabilité. Pour ceux et celles qui ont vécu des traumatismes (abus sexuels passés, mauvaises expériences, sentiment d’abandon…), cette intimité peut réveiller inconsciemment de vieilles douleurs. Même quand tout va bien aujourd’hui, l’inconscient peut s’inviter sous la couette sans prévenir.

La pression sociale et la performance

Dans une société où le sexe est souvent présenté comme l’apogée du bonheur, le climax du couple épanoui, ne pas ressentir cette extase tant vantée peut laisser perplexe, voire coupable. Ajoutez à cela les performances à assurer, les injonctions à jouir “comme il faut”, et la descente émotionnelle devient parfois un crash.

Quand le trouble s’infiltre dans le couple

La dysphorie post-coïtale ne concerne pas que celui·celle qui la ressent. Pour le·la partenaire, ces moments de tristesse ou de retrait peuvent également être déroutants. “Ai-je fait quelque chose de mal ?”, “N’a-t-elle pas aimé ?”, “Pourquoi s’éloigne-t-il ?”.

Ces questions peuvent semer le doute, surtout dans les relations naissantes où chaque geste est encore en train d’être interprété. Voilà pourquoi il est essentiel d’en parler, avec douceur, sans accuser ni se défendre.

Parfois, une simple phrase comme : “Tu sais, il m’arrive de me sentir un peu triste après l’amour. Ce n’est pas toi, c’est quelque chose que je ressens, et j’essaie de comprendre.” peut ouvrir un dialogue et désamorcer bien des tensions.

Et si on en parlait plus ?

Parler de la dysphorie post-coïtale, c’est ouvrir une fenêtre sur l’intimité émotionnelle, souvent tue. Dans nos sociétés où le sexe est omniprésent mais rarement abordé dans toute sa complexité, reconnaître l’existence de ce trouble, c’est faire preuve d’humanité.

Et surtout, il ne s’agit pas d’une pathologie à “guérir” à tout prix, mais d’une expérience émotionnelle à apprivoiser et à respecter.

Quelques pistes pour mieux la vivre

Si vous vous sentez concerné·e, ou si votre partenaire l’est, voici quelques pistes douces à explorer :

Quand le corps parle à travers l’émotion

Ce que nous vivons entre les draps n’est jamais uniquement charnel. Le corps est un vecteur d’émotions, parfois enfouies, souvent indicibles. La dysphorie post-coïtale est aussi un langage : celui d’une âme qui cherche, peut-être, à refaire surface.

On ne parle pas assez de ces instants après l’amour. De ces silences parfois lourds. De cette réalité parfois décalée par rapport aux attentes filmiques. Et c’est précisément pour cela qu’il est si important de briser le silence.

Car aimer, c’est aussi oser dire : “Je me sens étrange maintenant, mais je suis là avec toi.”

Et si on écoutait davantage nos creux ?

Nos sociétés valorisent l’extase, la montée, l’apogée. Mais que fait-on de l’après ? De la descente, souvent silencieuse, parfois mal comprise ? Peut-être qu’il est temps de redonner ses lettres de noblesse à cet “après”, d’en faire un moment sacré, aussi précieux que la fusion elle-même.

La dysphorie post-coïtale n’est pas une anomalie. C’est un miroir. Un message. Une invitation à ralentir, à s’écouter, à parler vrai. Et si, au lieu de la fuir, on apprenait à lui faire de la place dans nos récits intimes ?

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